A’salfo, le doyen du groupe Magic System, a récemment partagé des détails sur les conditions difficiles dans lesquelles leur célèbre chanson “Premier Gaou” a été enregistrée. Il a révélé que, à l’époque, le groupe ne disposait même pas des fonds nécessaires pour se déplacer jusqu’au studio.
Une quête de fonds inattendue
A’salfo a expliqué qu’ils avaient dû collecter de l’argent auprès des coiffeuses pour financer leur déplacement jusqu’au studio d’enregistrement. Le groupe était confronté à un défi financier majeur, mais leur désir de réaliser leur chanson les a poussés à chercher des solutions créatives.
Malgré ces difficultés, A’salfo a persévéré. Il a contacté David TAYORAULT et a demandé s’ils pouvaient utiliser le studio pour enregistrer leur chanson, même s’ils n’avaient pas d’argent pour le transport. Heureusement, leur demande a été acceptée. Ils ont obtenu l’opportunité d’enregistrer “Premier Gaou.”
Même si le studio était à Cocody et qu’ils se trouvaient à Anoumabo, ce qui nécessitait un budget de transport qu’ils n’avaient pas, A’salfo a pris la décision de saisir cette opportunité. Il était déterminé à ne pas laisser passer cette chance, malgré sa propre maladie à l’époque.
“Je me suis accroupie aux côtés des autres pour enregistrer le morceau « Premier Gaou ». J’ai appelé David TAYORAULT, je lui dis : « David, s’il te plaît, nous avons une chanson que nous avons envie d’enregistrer, mais nous n’avons pas d’argent. Peux-tu nous permettre de passer en studio pour enregistrer la chanson ? » Et il me répond : “ Ok, venez à 20 H 00, on va enregistrer”.
Sachant que le studio se trouvait à Cocody et nous étions à Anoumabo, le minimum en transport pour y aller c’était 1500f que nous n’avions pas évidemment. J’étais malade, très malade d’ailleurs, mais je me dis que si nous n’y allons pas aujourd’hui, c’est peut-être une chance que nous sommes en train de manquer.
J’ai donc dit aux autres que nous allons nous arranger et que malgré ma maladie, nous partirons. C’est là qu’en tant que chef de groupe, j’approche les tresseuses du quartier et je leur demande de nous aider, car nous devons aller en studio, mais nous n’avons pas le transport. Généreusement, elles ont cotisé chacune ce qu’elle pouvait jusqu’à ce que nous ayons les 1500f. Nous avons ensuite pris le taxi et nous sommes arrivés en studio à 20 H 00 comme exigé par David.
À notre arrivée, lorsque nous sommes en train de rentrer, le gardien nous demande ce que nous sommes venus chercher. Je lui réponds que nous avons rendez-vous avec David pour un enregistrement, et il me fait savoir que David est parti à la maison depuis une heure avant, c’est-à-dire à 19h et qu’il ne reviendra pas avant le lendemain.
Le doyen a continué en ces termes : « Il fallait donc rentrer et revenir le matin, sachant qu’on avait déjà utilisé les 1500f, nous n’avions plus rien pour rentrer à la maison et il faisait déjà nuit, donc nous demandons pardon au gardien pour dormir devant le studio et que le matin, nous partirons. Comme j’étais malade, Manadja et les autres trouvent un banc pour moi afin que je puisse me coucher et eux restent assis, car il n’y avait pas de place.
« À 01h du matin, le portail s’ouvre, c’est David qui revenait, mais pas parce qu’il s’est souvenu de nous, mais parce qu’il avait oublié la souris de son ordinateur. Étonné, il nous demande ce que nous faisons là, nous lui répondons qu’on avait rendez-vous avec lui et que nous sommes là depuis 20 h comme exigé. L’arrangeur dit qu’il a complètement oublié et qu’il est revenu pour sa souris, mais puisque nous sommes déjà là, nous allons rentrer et faire quelques poses rapidement et quand il aura le temps, on va continuer.
Il me demande le titre de la chanson et je lui réponds que c’est « Premier Gaou ». Ensuite, il me demande d’entamer afin qu’il puisse voir la direction et la totalité de la chanson pour voir ce qu’il faut faire, je chante alors : « C’est dans ma galère que la go Antou m’a quitté (…) », il dit que c’est bon, qu’il a une guitare qui lui vient en tête et sort le clavier et il joue la mélodie. Ensuite, il me demande poser la voix dessus, et que nous continuerons après quand il aura le temps. Il sort son clavier, met quelques arrangements et je pose la voix.
Ce qu’il faut retenir c’est que ce qu’on a fait ce soir-là et qui devait normalement être revu après n’a jamais été retouché. C’est le même morceau qui est resté et qui a fait le tour du monde ».
Notons que les débuts modestes de “Premier Gaou” sont désormais une partie de l’histoire légendaire du groupe Magic System, qui est devenu l’un des plus grands groupes de musique africaine.