Au Mali, la population s’oppose fermement à la pression de la Cedeao. En effet, suite à la destitution du président Ibrahim Boubaka Keita par les militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), les Maliens se retrouvent dans une situation très déterminante pour la suite de leur histoire. Il s’agit de trouver les solutions aux multiples problèmes qui minent le pays, et qui ont conduit la population à se rebeller contre le gouvernement d’IBK. Sauf qu’au même moment, la division s’installe entre la junte auteur du putsch et le M5 responsable des manifestations qui ont abouti à la destitution du président IBK.
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À ces problèmes, s’ajoute la pression de la communauté internationale. La Cedeao a lancé un ultimatum à la junte, demandant une transition immédiate du pouvoir militaire au pouvoir civile. On demande ainsi au colonel Assimi Goïta de céder à un civil le pouvoir qu’il a arraché à IBK, et ceci avant le 15 septembre 2020.
Après avoir convoqué des « journées de concertation nationale » (3 en tout) afin de discuter avec la population quant au sort du pays, le colonel Assimi Goïta et ses alliés ont déterminé avec l’accord des politiques, syndicalistes, dirigeants associatifs et leaders religieux, une période de 18 mois pour établir une transition du pouvoir. D’après cette consultation populaire, il s’agit de la durée nécessaire pour entreprendre des réformes législatives afin d’organiser des élections présidentielles dignes du peuple malien. Sauf que la charte de cette transition présentée par les militaires a été rapidement contesté par le M5 (opposition responsable du mouvement de contestation qui a conduit au putsch).
Selon le M5, la junte a une volonté d’accaparement et de confiscation du pouvoir à son seul profil
« Ce n’est pas démocratique du tout. Le rapport général a été charcuté et ne correspond pas à ce qui a été dit dans les groupes de travail »
Reproche Sy Kadiatou Sow, grande figure du mouvement démocratique au Mali.
L’ancienne gouverneure de Bamako et ex-ministre a clairement déclaré :
Devant cette mésentente entre le CNSP et le M5 concernant la transition du pouvoir, la Cedeao s’implique encore plus en revendiquant une transition limite avant le 15 septembre. Pendant ce temps, les sanctions économiques sous-régionales continuent de s’appliquer au Mali.
La population du Mali se retrouve dans une situation beaucoup plus complexe
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Arrivé à terme, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta est arrivé ce lundi soir à accra. Accueilli avec ses militaires par le chef de l’Etat ghanéen Nana Akufo-Addo, la journée du mardi 15 septembre sera l’occasion d’un débat autour du contexte malien. Selon Clément Dembélé, homme politique Malien qui soutient la charte de la junte :
« Nous ne sommes pas dans un conflit avec la Cédéao, nous n’avons pas aujourd’hui l’intention ni la volonté ni les moyens de nous braquer contre la Cédéao. Mais il faut aussi que la Cédéao comprenne que nous sommes un pays souverain, que le Mali doit être aussi respecté dans son choix. Que la Cédéao soit un peu plus regardante sur la volonté du peuple malien, un peu plus souple avec les Maliens. Parce que faire un embargo au Mali va obliger les Maliens à passer par la Mauritanie et la Libye, ils ne sont pas membres de la Cédéao. Il ne faut pas non plus que les Maliens soient obligés de demander à d’autres États qui ne sont pas de la Cédéao, des États du commerce international, des échanges commerciaux avec le Mali. Ce ne serait pas bienvenu pour le Mali ni pour la Cédéao. Mettre à genoux le Mali, c’est aussi mettre à genoux la sous-région ».
Sans doute les menaces de la Cedeao s’intensifieront ainsi que les représailles au cas où la difficulté d’un compromis s’installe.